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Football. « Ça couronnerait un projet vieux de plus de 10 ans » : à Munich, le PSG veut entrer dans l'histoire

Le Paris Saint-Germain tout proche du nirvana. Moins d’un an après les Jeux olympiques et paralympiques, le club de la capitale pourrait offrir ce samedi soir, en cas de victoire en finale de la Ligue des champions de football face à l’Inter Milan, un nouveau moment historique au sport français et parisien. Trente-deux ans après l’unique sacre hexagonal dans la compétition, celui de l’Olympique de Marseille de Didier Deschamps et Bernard Tapie en 1993 à l’origine du célèbre slogan « À jamais les premiers », le PSG n’est plus qu’à une seule marche du graal européen derrière lequel il court depuis la prise de contrôle du club par les Qatariens de QSI (Qatar Sports Investments), en 2011.

Les railleurs noteront qu’il aura fallu attendre que deux milliards d’euros soient injectés dans le club pour y arriver. Les nostalgiques se tourneront plutôt vers Reims, Saint-Étienne et l’OM, et se demanderont où placer ce PSG dans la grande histoire du foot français. « Chacun de ces clubs correspondra à une période forte du football français », tranche le spécialiste en géopolitique du sport Jean-Baptiste Guégan. « Si le PSG devenait champion d’Europe, cela couronnerait un projet vieux de plus d’une décennie, et ça marquerait la capacité du sport français à performer », une semaine après une autre finale continentale - perdue - de l’AS Monaco en Euroligue de basketball.

« Je ne crois pas que le PSG soit un club français »

Le PSG, « c’est une autre forme du sport professionnel français », analyse cet enseignant à Sciences Po, « avec des acteurs étrangers comme actionnaires, mais un ancrage local encore fort ». Ces derniers jours avant la finale ont d’ailleurs été marqués par la controverse : faut-il supporter ce club au-delà de l’Île-de-France ? Derrière cette question, il y a celle de l’identité d’un club mondialisé depuis qu’il appartient à des investisseurs qatariens qui en ont fait un enjeu de communication, de diplomatie et de “soft power”. Dans le vestiaire, pas moins de 10 nationalités se côtoient. Mais la France y est bien représentée, avec pas moins de six joueurs des Bleus dans l’effectif parisien. Et l’équipe masculine du PSG donne désormais, avec l’entraîneur espagnol Luis Enrique, une image de plus grande cohésion qu’à l’époque de Messi, Neymar, Sergio Ramos ou même Kylian Mbappé, qui a rejoint le Real Madrid l’été dernier.

Ces arguments ne suffisent pas forcément à convaincre les plus réfractaires. « Je ne crois pas que le PSG soit un club français », a lâché sur le plateau de L’Équipe du soir, grand-messe quotidienne des footeux où se font et refont les débats du ballon rond, le journaliste Stéphane Guy, avant d’étayer le propos : « Le PSG, c’est le club qui représente Paris mais ce n’est pas un club français. Il n’y a aucun autre État qui est propriétaire d’un club français. » Un État, aussi, régulièrement mis en cause sur la question des droits humains.

Cela n’a pas empêché le PSG version pétrodollars d’acquérir une dimension internationale et commerciale qui en fait un club à part, aux moyens faramineux lui permettant d’avaler tous les titres de champion de France depuis 2013, à deux exceptions près. C’est aussi un géant d’Europe à la structure enfin stable, qui a su capitaliser sur les efforts de sécurisation lancés après la mort, en 2010, d’un supporter du kop Boulogne tué par les rivaux d’Auteuil.

« On n’a jamais vu autant de maillots parisiens »

Le PSG était alors au fond du trou. Aujourd’hui, les tribunes sont plus saines même si elles restent marquées, comme ailleurs en France, par les relents homophobes et sexistes. Devenu une structure stable financièrement imposante, le Paris-SG a changé de dimension pour devenir une marque connue dans le monde entier. « On n’a jamais vu autant de maillots parisiens partout en France et à l’étranger », rappelle Jean-Baptiste Guégan, pour qui l’anti-parisianisme est plus un « micro-phénomène » de réseaux sociaux qu’une réalité concrète. « À Marseille, il y a plutôt de l’admiration, voire de la jalousie », avance même le spécialiste. « Non seulement parce que ça joue, mais parce que ça gagne aussi. »

« Même avec une victoire en Ligue des champions, le Qatar n’aura pas fini le jeu », prévient-il. Les ambitions des dirigeants parisiens sont en effet encore grandes, avec notamment la volonté de quitter le Parc des Princes, la Ville de Paris refusant de leur vendre l’enceinte pour agrandir sa capacité. Des pistes en banlieues, vers Poissy, Aulnay-sous-Bois, Massy (entre autres candidats) sont avancées, au moment même où le Paris FC de Bernard Arnault s’apprête à découvrir la Ligue 1. L’histoire entre le foot et Paris promet d’être encore longue. Ce samedi soir, c’est à Munich qu’une page s’écrira.

La mobilisation des forces de l’ordre sera beaucoup plus importante à Paris pour la finale que pour la demi-finale de Ligue des champions. Photo Sipa/Thomas Padilla

5 400 policiers et gendarmes mobilisés à Paris ce samedi soir

La préfecture de police de Paris a mis au point un dispositif « massif » pour encadrer la finale de Ligue des champions du PSG face à l’Inter Milan, que de nombreux Parisiens suivront dans les cafés de la ville. Pas moins de 5 400 policiers et gendarmes seront mobilisés ce samedi soir dans la capitale et sa petite couronne, dont une bonne moitié sur et autour de l’avenue des Champs-Élysées. Celle-ci sera neutralisée afin de pouvoir accueillir les dizaines de milliers de supporters qui devraient y converger en cas de victoire à Munich. La présence des forces de l’ordre sera bien plus importante qu’à l’occasion de la demi-finale retour, qui se jouait à domicile contre Arsenal, avec 2 000 agents sur le pont. Des heurts et des violences avaient éclaté après le match, entraînant 47 interpellations. Un automobiliste avait notamment renversé plusieurs piétons, dont un mineur, à l’abord des Champs-Élysées. Une scène vécue également en début de semaine à Liverpool, où le conducteur d’une voiture a fait plusieurs dizaines de blessés alors que l’un des clubs de la ville célébrait son titre de champion d’Angleterre de football.

Des incidents sont également anticipés en cas de défaite, comme ce fut le cas en 2020, après une première finale perdue. « Nous ne voulons pas que se reproduisent [c]es événements », explique le préfet de police Laurent Nuñez. « Le bilan de la soirée était de 11 commerces pillés, 17 dégradés et 45 feux de poubelles ou voitures. » À Marseille, les autorités se préparent aussi pour le cas d’une victoire de l’Inter Milan qui entraînerait… des célébrations de joie dans les rues.

La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé que la tour Eiffel sera éclairée aux couleurs du PSG durant le match, et qu’elle scintillera à chaque but parisien. En cas de victoire, une parade de l’équipe avec le trophée de la Ligue des champions est prévue sur les Champs-Élysées (mais annulable en cas de lourds incidents au cours de la nuit prévient le préfet), avant une possible rencontre avec Emmanuel Macron à l’Élysée, puis une célébration avec les supporters au Parc des princes.

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