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Finale de la Ligue des Champions 2025 : une bataille pour la gloire sur fond d'argent et de mode

La finale masculine de la Ligue des champions 2025 s’est terminée par un triomphe du Paris Saint-Germain sur l’Inter de Milan (5-0). PSG et Inter, deux équipes stars de football. Paris et Milan, deux villes emblématiques de la mode. Fonds qatari et fonds états-unien Oaktree, deux propriétaires richissimes.

Quelle qu’ait été l’équipe gagnante, l’UEFA loue le succès de son nouveau format, impliquant plus d’équipes, plus de matchs et plus de fans. Bien sûr, tout le monde n’est pas d’accord avec ce nouveau format. Mais en résultats commerciaux, il ne fait aucun doute que la Ligue des champions continue de générer d’énormes sommes d’argent pour toutes les personnes impliquées.

Grâce aux droits de diffusion lucratifs, aux accords de sponsoring et à la vente de billets, les sommes distribuées aux clubs à l’issue de la compétition de cette saison sont exorbitantes : plus de 2,4 milliards d’euros de prix en jeu, contre 2 milliards d’euros l’an dernier.

En atteignant la finale, le Paris Saint-Germain (PSG) a déjà gagné 138 millions d’euros, et l’Inter Milan 137,39 millions d’euros.

Le PSG a reçu une récompense supplémentaire de 6,46 millions d’euros, tandis que la victoire devrait également générer environ 35,58 millions d’euros de revenus futurs en participant à des tournois comme la Supercoupe d’Europe.

La qualification pour la finale a également stimulé la valeur de la marque des clubs et l’engagement des fans. Dans les dernières étapes du tournoi, l’Inter Milan a connu une énorme croissance de son nombre de followers sur les réseaux sociaux.

Mais malgré tous les chiffres importants figurant sur les relevés de revenus et les comptes de médias sociaux, la finale de cette année a une dimension culturelle qui est difficile à mesurer uniquement en chiffres.

Football et mode

Paris et Milan sont toutes deux des capitales mondiales de la mode, abritant des créateurs célèbres et des marques convoitées dans le monde entier. Le PSG et l’Inter Milan ont pour mission d’imiter ces marques, avec un football attrayant qui apporte prestige et héritage.

Certains parallèles peuvent être établis entre le style des équipes et les deux villes rivales. Le PSG, par exemple, en se concentrant sur la construction d’une équipe remplie de jeunes talents locaux, a réussi à refléter la sophistication et la flamboyance de Paris.

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Les partenariats de l’équipe avec Jordan et Dior positionnent le club comme un réceptacle pour l’image mondiale de la ville : audacieuse, luxueuse, cosmopolite.

L’Inter de Milan, quant à elle, bien qu’elle manque de joueurs de renom, incarne une approche italienne classique, disciplinée et défensive du football – historiquement appelée catenaccio, et pouvant se traduire par « verrou ». Un accord parfait avec le style vif et distinctif des maisons de couture basées à Milan.

Cette identité n’est pas enracinée dans la flamboyance, mais dans le raffinement et la rigueur – à l’image de la confection précise de Prada et Armani. Si le PSG est l’emblème du luxe mondial, l’Inter est le modèle de la culture du design italien – moins performatif, mais plus exigeant.

Identité urbaine

Ensemble, le PSG et l’Inter sont les ambassadeurs de l’identité urbaine pour ces villes. Paris et Milan cherchent à exercer une influence bien au-delà de leurs frontières, une stratégie de soft power non seulement à travers l’architecture ou le tourisme, mais aussi à travers la performance esthétique du sport.

De cette façon, le football devient le théâtre d’une compétition symbolique entre les villes, où l’identité civique est canalisée à travers des images symboliques et matérielles telles que des kits, des campagnes et des fans internationaux. Dans cette finale, il y a un choc d’ambition urbaine, un jeu de soft power entre deux des métropoles les plus soucieuses de leur image en Europe.

Sur le plan géopolitique, les enjeux sont nombreux. La deuxième participation du PSG à une finale de la Ligue des champions est d’une importance capitale pour les propriétaires qataris du club. Le président Nasser al-Khelaïfi a passé des années à investir dans des joueurs vedettes étrangers pour aider à construire l’image de l’État du Golfe. Ces dernières saisons, le club a changé de stratégie vers la signature de jeunes talents locaux.

Cela a permis au PSG de se positionner comme un club parisien tout en renforçant les relations qatariennes avec le gouvernement français. C’est particulièrement important à l’heure actuelle car, à partir de la saison prochaine, le PSG aura un rival local. L’année dernière, LVMH a acquis le Paris FC, qui semble prêt à se battre avec son rival local pour le titre de club le plus en vue de la capitale.

Pour sa part, l’Inter a récemment changé de propriétaire, en passant des mains de la famille Zhang à celles du fonds d’investissement Oaktree. Acquis par une entreprise chinoise en 2016, le club a connu des difficultés – malgré une autre finale de Ligue des champions en 2023 – alors que la tentative de révolution du football chinois a échoué.

En mai 2024, le club a été racheté par un fonds d’investissement américain. Ces dernières années, il s’agit d’une tendance dans le football européen selon laquelle le capital-investissement américain a triomphé des investissements soutenus par les États.

Tout cela met en place une autre bataille de football classique de notre époque. Alors que 450 millions de personnes regardent une finale de la Ligue des champions, le ballon rond est devenu un choc d’idéologies autant qu’il s’agit de stars, de villes et de mode.

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