Le maillot du Paris Saint-Germain (PSG) pour la saison 2025-2026 ne sera dévoilé que le 11 juin prochain, mais on sait déjà qu'aucune étoile ne figurera au-dessus du logo du club, vainqueur samedi de la finale de la Ligue des Champions. Contrairement à l'Olympique de Marseille et à l'instar d'autres grandes formations européennes, le PSG a décidé de s'en passer, selon plusieurs médias spécialisés.
Le club parisien a, en revanche, décidé de sortir une gamme "Triomphe" pour fêter son premier sacre européen. Sweat, écharpes, tee-shirts… Plus de 80 produits collectors sont disponibles depuis dimanche. Mais celui que tout le monde s'arrache, c'est le maillot accompagné d'une étoile en forme de tour Eiffel ailée, floqué d'un « Champions of Europe / 25 / Ici c'est Paris » dans le dos.
La « barrière symbolique » des 100 euros a été franchie
Malgré son prix élevé – 110 euros pour les enfants, 130 euros pour les adultes –, le maillot a été en rupture de stock au bout de quelques heures seulement. Dimanche, des supports ont fait plusieurs heures de queue pour pouvoir l'acheter. Ce mercredi matin, seulement quelques tailles "Enfant" et "Femme" étaient encore disponibles sur la boutique en ligne du PSG (pour une date de livraison prévue à la fin du mois). Quant à la version masculine, elle était proposée à 300 euros environ sur eBay.
Entre attachement au club et sentiment d'identification, certains fans ne comptent pas quand il s'agit de leur équipe préférée. Pour Quentin, un supporteur de l'Olympique lyonnais (OL) de 25 ans, c'est même un passage « obligé » : il en achète plusieurs par an, mais « [s]on achat le plus cher reste un maillot préparé d’Alexandre Lacazette », payé 300 euros. Antoine, 29 ans, est lui aussi « prêt à aligner les billets, mais dans la limite du raisonnable » : « Je trouve les prix trop élevés de manière générale [...] Pour moi, la centaine d'euros représente une barrière symbolique que je ne souhaite pas dépasser », expose le Mulhousien.
Le souci, c'est que la plupart des équipementiers ont franchi ce seuil. Puma a récemment annoncé que ses futurs maillots replica (destinés aux supporters) coûteront 100 euros sans flocage, rejoignant ainsi Nike et Adidas. Selon le site spécialisé Footpack, le prix de maillot a augmenté de près de 20 euros en l'espace de quatre ans. Et tout est bon pour faire grimper l'addition. Elisa, de Domont (Val-d'Oise), s'agace par exemple des badges de sponsors, parfois considérés comme des éléments de personnalisation payants au même titre que le flocage. Un maillot classique peut ainsi facilement passer de 100 à 150 euros.
Féminisation et seconde main
Mais l'engouement est là, malgré des prix toujours plus élevés. Il faut dire que les maillots de foot, un temps considéré comme ringards, sont devenus "hype". Le phénomène porte même un nom : le "blokecore" – un terme apparu sur TikTok et qui renvoie au mot anglais "bloke" ("gars"), faisant référence à un supporter de football. Le port du maillot se féminise et s'envisage désormais comme une pièce de mode. On l'a même vu sur des stars comme Bella Hadid, Kim Kardashian ou Kendall Jenner.
Nombreux sont ceux à surfer sur ce business lucratif. Récemment, c'est le rappeur américain Travis Scott qui s'est illustré dans ce domaine, grâce sa collaboration avec le FC Barcelone. Le maillot du Barça, siglé de sa marque Cactus Jack et vendu 400 euros, a été sold out en six minutes seulement.
La tendance est aussi au vintage. Les maillots d'occasion sont très recherchés et certains valent carrément une fortune. En mars, une tunique de Zinedine Zidane de 1998 a été vendue 52 000 euros aux enchères. Les clubs l'ont eux aussi bien compris et placent des références à leurs maillots d'antan dans leurs nouvelles collections.
Un coût de fabrication (très) faible
Reste que pour certains, devoir payer 100, 130 voire 180 euros un maillot, ça ne passe pas : « Quand on voit que les maillots sont fabriqués pour la plupart en Asie, les prix sont totalement disproportionnés », tempête Jonathan, 31 ans et originaire de Grenoble. En 2018 par exemple, les maillots français avec deux étoiles, commercialisés après la victoire des Bleus, étaient affichés au prix de 85 euros… alors qu'ils étaient fabriqués en Thaïlande pour moins de trois euros (taxes douanières incluses).
Lors du mondial de 2018, l’ONG Éthique sur l’étiquette estimait que les coûts de production d'un maillot Nike d'équipe nationale s'élevaient à 7 % du prix total. Entre les profits qui reviennent aux distributeurs et aux équipementiers, les taxes et le coût de transport, les clubs se dégagent une marge de 10 à 20 %, estime dans Le Parisien Patrice Bouvet, maître de conférences à l’université de Poitiers et consultant en économie et gestion du sport.
« Le football populaire se perd »
Il n'empêche, tout le monde n'a pas les moyens de se payer le maillot dernier cri. « Le football populaire se perd et c’est dommageable pour tous les fans », regrette Florent, de Francheville (Rhône). Pour supporter Saint-Étienne sans « faire des sacrifices sur le budget famille », John, 43 ans, a trouvé la parade : « J'achète en seconde main et en boutique, mais seulement en soldes. »
Plutôt que d'attendre une braderie, d'autres n'hésitent plus à acheter de la contrefaçon. La filière est si bien organisée qu'il est parfois difficile de distinguer le vrai du faux. Ou comment les prix élevés et les éditions limitées profitent aussi aux revendeurs illégaux…